Ton corps sait ce que ta tête ignore
Guide pratique pour comprendre tes signaux corporels quand le stress, le burnout ou le figement s'installent
Tout le monde parle de burnout et de stress. Pourtant, pour beaucoup de femmes neurodivergentes, ce que tu vis ne se laisse pas réduire à ces mots.
Ton corps envoie des signaux précis — fatigue persistante au réveil, tensions chroniques, sensation d’engourdissement ou de blocage — qui demandent une lecture différente.
Dans cet article, je te propose un cadre simple pour repérer trois réponses corporelles fréquentes (stress / burnout / figement), pourquoi elles sont souvent incomprises chez les personnes neurodivergentes, et trois gestes concrets et doux à essayer dès aujourd’hui.
L’idée : te donner du langage et des actions courtes, pas des listes de self‑care creuses.
Trois états corporels – ce que tu vis et comment les reconnaître
Le stress – activation et alerte
Ce que tu ressens : cœur qui s’emballe, respiration rapide ou bloquée, mâchoire serrée, muscles crispés (trapèzes, nuque).
Mentalement : pensées qui tournent, hypervigilance, irritation.
Objectif biologique : préparer le corps à faire face (lutte/fuite).
Temporalité : aigu ou répétitif.
Indices concrets : réveils brusques, digestion perturbée, envie d’agir immédiatement.
Les micro‑pauses actives (quelques mouvements simples, un étirement discret) soulagent souvent rapidement.
Le burnout — épuisement des ressources
Ce que tu ressens : fatigue profonde, douleur diffuse, sensibilité au bruit et à la lumière, sommeil qui ne répare pas.
Mentalement : cynisme, démotivation, lenteur cognitive.
Objectif biologique : signaler que le système est dépassé par une demande chronique sans ressources suffisantes.
Temporalité : se construit sur des mois ou des années.
Indices concrets : repos prolongé qui ne suffit pas, incapacité à retrouver du plaisir, récupération très lente après un effort. Ton corps demande une réduction durable de la charge, pas seulement des pauses ponctuelles.
Le figement — immobilité interne et dissociation
Ce que tu ressens : lourdeur, engourdissement, sensation d’être déconnectée de ton corps, difficulté à initier un mouvement.
Mentalement : parfois la tête « pense » mais le reste du corps suit peu.
Objectif biologique : stratégie de survie (immobilisation) quand lutter ou fuir est impossible.
Temporalité : peut être aigu (crise) ou devenir un mode habituel de régulation.
Indices concrets : les siestes n’apaisent pas, le réveil n’apporte pas d’élan, réponses émotionnelles atténuées ou montée d’émotion différée.
Le figement est souvent mal interprété comme de la « paresse » si on ne lit que le comportement extérieur.
Pourquoi ces états sont souvent mal lus chez les personnes atypiques ou neurodivergentes
Masquage : apprendre à « faire comme si » épuise le système nerveux — le corps compense et finit par se figer.
Sensibilités sensorielles : sons, lumières, textures fragmentent le sommeil et la régulation, amplifiant fatigue et épuisement.
Réponses physiques atypiques : la même situation peut déclencher sur‑activation chez une personne et figement chez une autre — les conseils généraux (« respire », « fais du sport ») tombent souvent à côté.
Comment distinguer, en pratique, sur le moment
Checklist simple (60–90 secondes)
Tempo : ta respiration. ou ton cœur est‑il accéléré (stress), ou lent ou vidé (burnout ou figement) ?
Sensations : chaleur, tension, tremblement → stress ; lourdeur, engourdissement → figement ; épuisement sans reprise → burnout.
Réponse au mouvement : bouger (mouvements doux), réactive‑t‑il l’énergie ? Si oui → plutôt stress ou figement réactif. Si non → penser burnout.
Test rapide en 3 étapes (60 s)
Respire lentement six fois (inspir ~4 s / expir ~4 s).
Pose une main sur la poitrine et une main sur le ventre ; note si tu sens quelque chose (chauffe, vibration, absence de sensation).
Fais un petit mouvement simple : hausser les épaules, balancer les bras ou lever les talons.
Interprétation : si l’anxiété baisse vite → activation liée au stress ; si tu te sens vide mais plus alerte → figement qui commence à se déverrouiller ; si la lourdeur persiste et rien ne change → burnout probable.
Trois pratiques courtes à essayer
Pratique pour la fatigue au réveil : réveil ancré (2–3 minutes)
Position : assise au bord du lit, pieds à plat.
Sens le contact des pieds au sol (10–20 s).
Porte attention à trois sensations simples : le poids des pieds, la température des mains, le rythme de la respiration.
Fais six respirations lentes, en gardant l’attention sur les appuis.
But : reconnecter le cerveau au corps sans surstimulation ; créer un pont doux entre nuit et journée.
Pratique pour figement ou tensions : micromobilité progressive (3–5 minutes)
Position : allongée ou assise, confort.
Mobilise lentement une articulation à la fois : mains (ouvrir/fermer), épaules (haussements très petits), bassin (bascules légères).
Garde les mouvements très petits et répétés ; reste dans la tolérance.
Si une sensation monte, reviens à la respiration et à l’ancrage (mains sur les cuisses, pieds au sol).
But : « compléter » des schémas moteurs inachevés pour permettre à l’énergie de circuler sans effrayer le système.
Pratique pour hypervigilance : pause sensorielle régulante (2 minutes)
Position : assise, mains libres.
Choisis trois objets proches (un tissu, une tasse, un stylo) et touche‑les en conscience : texture, température, contours.
Dis mentalement : « Je suis ici. Mes mains / mes pieds sont ici. »
Expire en imaginant une vague qui descend vers la terre.
But : ramener l’attention sur des données sensorielles sûres et prévisibles pour calmer le système nerveux.
Si rien ne change : quand chercher du soutien
Si la fatigue, la déconnexion ou la douleur persistent malgré ces gestes, ou si ton quotidien est fortement impacté, demande un bilan (médical, sommeil) et envisage un accompagnement somatique. Un travail corporel soutenu — Brainspotting, Somatic Experiencing, TRE, yoga thérapeutique — aide souvent là où le seul discours n’atteint pas. Cherche un praticien formé et trauma‑informé, et privilégie un accompagnement progressif et sécurisé.
Conclusion : un appel à l’expérience
Nommer ce que ton corps vit n’est pas une étiquette : c’est une clé. Choisis une pratique ci‑dessous et teste‑la trois matins d’affilée. Partage ici (ou en message privé) ce que tu as remarqué — un seul petit détail suffit.
Si tu veux, j’ai préparé un audio guidé de 3 minutes pour le réveil ancré.

