Comment les émotions refoulées s'installent dans ton corps
Découvre le mécanisme qui transforme tes émotions non exprimées en tensions physiques. Comprends la cartographie corporelle des émotions et libère-toi.
La semaine dernière, nous avons exploré comment ton corps te parle à travers les tensions chroniques. Aujourd’hui, découvrons ensemble le mécanisme fascinant qui transforme une émotion non exprimée en douleur physique bien réelle.
Chaque émotion que tu refoules trouve un endroit où s’installer dans ton corps.
Le mécanisme invisible : de l’émotion à la tension
Ton corps ne fait pas de différence entre une menace physique et une menace émotionnelle. Quand tu vis une situation stressante, frustrante ou douloureuse, ton système nerveux se prépare à l’action : fuir, lutter ou se figer. Mais que se passe-t-il quand cette action n’est pas possible ?
Imagine cette scène tu es en réunion, ton manager critique ton travail devant tout le monde. Ton corps se tend, prêt à réagir. Mais tu ne peux ni partir ni répondre. Tu souris, tu acquiesces, tu encaisses. Cette énergie mobilisée pour l’action reste bloquée dans ton système.
C’est exactement là que commence le processus de somatisation.
Les quatre étapes de l’installation des tensions
Étape 1 : l’activation du système nerveux
Face à une situation émotionnellement intense, ton corps libère du cortisol et de l’adrénaline. Tes muscles se contractent, ta respiration devient plus courte, ton rythme cardiaque s’accélère. C’est normal et sain... si cette activation peut se décharger.
Étape 2 : la répression de la réponse naturelle
Mais souvent, tu ne peux pas exprimer ce que tu ressens. Par éducation, par contexte social, par peur des conséquences. Tu refoules la colère, la tristesse, la peur ou la frustration. Ton corps reste en état d’alerte sans pouvoir agir.
Étape 3 : le stockage corporel
Cette énergie émotionnelle non libérée doit bien aller quelque part. Elle s’installe dans tes tissus musculaires, créant des zones de tension chronique. Chaque émotion a ses zones de prédilection dans ton corps.
Étape 4 : la chronicité
Répété jour après jour, ce processus transforme des tensions ponctuelles en douleurs permanentes. Ton corps s’habitue à porter ces charges émotionnelles, jusqu’à ce que cela devienne ta “nouvelle normale”.
La cartographie émotionnelle de ton corps
Tes émotions ne se stockent pas au hasard dans ton corps. Il existe une véritable géographie des tensions selon ce que tu vis :
Les épaules et la nuque : le poids du monde
C’est ici que s’accumulent les responsabilités non choisies, la charge mentale excessive, le sentiment de devoir “tout porter”. Si tes épaules sont constamment tendues, demande-toi : “Qu’est-ce que je porte qui ne m’appartient pas ?”
Les mâchoires : les mots non dits
Serrer les dents, au sens propre. C’est là que se logent les colères rentrées, les reproches non exprimés, tout ce que tu aurais voulu dire mais que tu as gardé pour toi. La tension maxillaire révèle souvent une frustration chronique face à l’injustice ou au manque de reconnaissance.
Le ventre : le centre émotionnel
Ton abdomen abrite ton “deuxième cerveau” avec ses millions de neurones. C’est pourquoi les émotions fortes créent cette sensation de “ventre noué”. Anxiété, peur de l’avenir, insécurité émotionnelle s’installent souvent dans cette région.
Le dos : le soutien manquant
Les douleurs lombaires parlent souvent d’un manque de soutien, d’une solitude face aux défis de la vie. “J’en ai plein le dos” n’est pas qu’une expression : c’est une réalité somatique.
La poitrine : l’amour empêché
Oppression thoracique, difficulté à respirer profondément... Cette zone réagit aux chagrins non pleurés, aux deuils non faits, aux amours contrariés ou aux relations toxiques que tu n’arrives pas à quitter.
Le cas particulier des femmes neurodivergentes
Si tu es neurodivergente, ce processus est amplifié. Ton système nerveux plus sensible traite chaque émotion avec une intensité décuplée. De plus, le masquage constant - cette adaptation permanente aux codes neurotypiques - crée une charge émotionnelle supplémentaire.
Le coût invisible du masquage faire semblant d’être quelqu’un d’autre demande une énergie considérable. Cette tension entre ton authenticité et ton masque social s’inscrit directement dans ton corps, souvent au niveau des épaules et du cou.
L’hypersensibilité sensorielle ton corps réagit plus intensément aux stimuli. Un open space bruyant, des néons trop vifs, une conversation tendue... Chaque surstimulation non régulée s’ajoute à ton stock de tensions corporelles.
Pourquoi les émotions “positives” peuvent aussi créer des tensions
Paradoxalement, même les émotions agréables peuvent créer des tensions si elles ne sont pas exprimées naturellement. La joie réprimée (par pudeur ou contexte inapproprié), l’excitation contenue, l’enthousiasme bridé... Tout cela demande aussi un effort de contrôle qui se traduit par des tensions musculaires.
L’exemple de la “bonne fille” si tu as appris à être toujours souriante, disponible, compréhensive, tu réprimes peut-être tes élans naturels de spontanéité. Cette retenue constante crée une fatigue musculaire invisible mais bien réelle.
Les signaux d’alarme à ne pas ignorer
Certains signaux indiquent que tes émotions refoulées commencent à impacter sérieusement ton corps :
Douleurs qui migrent : tes tensions se déplacent d’une zone à l’autre sans explication médicale
Intensité disproportionnée : une douleur physique très forte pour un “petit” événement émotionnel
Résistance aux traitements : massages, anti-inflammatoires, repos... rien ne soulage durablement
Corrélation avec les émotions : tes douleurs s’intensifient lors de périodes de stress émotionnel
Fatigue inexpliquée : épuisement permanent malgré un repos suffisant
Micro-pratique la respiration de décharge (3 minutes)
Cette technique aide ton corps à libérer les tensions émotionnelles accumulées.
Position debout ou assise, pieds bien ancrés au sol.
Respiration consciente (1 minute) inspire profondément en gonflant le ventre, expire lentement en relâchant les épaules. Répète 5 fois.
Localisation (1 minute) pose une main sur la zone la plus tendue de ton corps. Respire vers cette zone, comme si tu envoyais de l’air directement là où ça fait mal.
Libération (1 minute) sur l’expiration, imagine que tu relâches cette tension. Tu peux même faire un petit son (soupir, “ahhh”) pour aider la libération.
Important cette pratique peut faire remonter des émotions. C’est normal et sain. Si l’intensité devient trop forte, arrête-toi et reviens à une respiration normale.
La sagesse de ton corps
Comprendre comment les émotions s’installent dans ton corps n’est pas une condamnation, c’est une libération. Cela signifie que tes douleurs ont un sens, qu’elles ne sont pas “dans ta tête” mais bien réelles, et surtout qu’elles peuvent évoluer.
Ton corps n’est pas ton ennemi. Il fait de son mieux pour gérer ce que tu vis. La semaine prochaine, nous découvrirons “De la tension à la libération : pratiques douces pour apaiser ton corps” avec des outils concrets pour accompagner ce processus de libération.
Questions de réflexion :
Dans quelle zone de ton corps ressens-tu le plus de tensions ? Quelle émotion pourrait s’y cacher ?
Te reconnais-tu dans le processus du masquage décrit ?
Quelle émotion as-tu le plus de mal à exprimer naturellement ?
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